Le point sur les enjeux de la Qualité de Vie au Travail (QVT)

Pour que l’entreprise puisse prétendre à la performance, elle a besoin d’organisation. C’est sur ce principe qu’ont été basés les tous les premiers systèmes de production : fractionnement et mécanisation des tâches, contrôle de la performance et rigidité disciplinaire. Or, ce que l’évolution du concept même d’entreprise nous a appris, c’est que ce sont les hommes et les femmes qui sont au cœur du processus de création de richesses. On comprend donc aisément la nécessité vitale pour l’entreprise de garantir leur bien-être au travail… car il en va de sa compétitivité, voire de sa pérennité.

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Qu’est-ce que la Qualité de Vie au Travail (QVT) ?

La QVT, c’est la perception par les collaborateurs des conditions dans lesquelles ils travaillent, mais aussi la possibilité qui leur est offerte d’agir sur leur environnement de travail et de s’exprimer librement.

C’est ce qui ressort de la définition formulée en juin 2013 par l’Accord National Interprofessionnel (ANI) sur l’égalité professionnelle et la qualité de vie au travail, qui s’articule autour de l’importance du bien-être des salariés. Pour l’ANI, la QVT est donc « Un sentiment de bien-être au travail perçu collectivement et individuellement, qui englobe l’ambiance, la culture de l’entreprise, l’intérêt du travail, les conditions de travail, le sentiment d’implication, le degré d’autonomie et de responsabilisation, l’égalité, un droit à l’erreur accordé à chacun, une reconnaissance et une valorisation du travail effectué ».

Par ailleurs, la QVT a été inscrite dans la loi Rebsamen du 17 août 2015, ce qui démontre l’importance accordée à l’engagement des collaborateurs et aux difficultés qu’ils sont susceptibles de rencontrer dans l’exercice de leurs fonctions. Aussi, les entreprises sont-elles conscientes des enjeux stratégiques de la QVT et l’envisagent désormais comme un indicateur de prévention des risques professionnels, en plus de son utilité évidente dans l’optimisation de la compétitivité et de la performance. Ce point a d’ailleurs été débattu à l’occasion de la dernière Semaine pour la qualité de vie au travail organisée par le réseau Anact-Aract du 17 au 21 juin derniers. Les webinaires issus de l’événement sont d’ailleurs disponibles en replay ici.

QVT : quels enjeux pour les entreprises ?

#1 DE L’ENTREPRISE « BOÎTE NOIRE » À L’ENTREPRISE « ÉTENDUE »

Un environnement économique en mutation permanente, des innovations technologiques constantes, une obligation d’adaptation rapide aux exigences du marché, un virage numérique à négocier… Les défis pratiques auxquels font face les entreprises au quotidien se multiplient et influent sur leur mode d’organisation. Souplesse et malléabilité sont les maîtres-mots d’une entreprise à l’écoute de son environnement, qui migre de « l’entreprise boîte noire », peu connectée à son microenvironnement et qui se limite le plus souvent à son espace physique, à « l’entreprise étendue », qui séduit les jeunes talents par sa marque employeur, son ouverture sur les nouveaux modes de travail (slashing, freelancing, télétravail…) et sa politique RSE. Cette transformation ne peut se faire sans l’adhésion et la fidélisation des collaborateurs.

#2 SOIGNER LA MARQUE EMPLOYEUR POUR ATTIRER LES MEILLEURS

Parce que l’entreprise reconnaît l’humain comme son (vrai) capital, elle a tout intérêt à s’engager dans une démarche QVT qui assurera sa pérennité et renforcera son attractivité, notamment par le travail de la marque employeur. En effet, la QVT vient doper l’attractivité de l’entreprise, qui pourra alors enrôler des compétences jeunes et prisées.

Mais au-delà de l’aspect lié à la performance économique pure, les enjeux d’une démarche QVT dépassent le simple cadre de la rentabilité et doivent être interprétés à la lumière des dimensions sociales, stratégiques et organisationnelles, comme le serait par exemple le concept de Responsabilité Sociale de l’Entreprise (RSE).

#3 UNE RÉPONSE PLUS COHÉRENTE AUX ENJEUX SOCIAUX ET SOCIÉTAUX

Motiver les collaborateurs, juguler le turn-over, attirer les meilleurs talents, créer de la valeur et, in fine, améliorer la performance globale de l’entreprise… Ce sont les avantages qui découlent de l’approche socio-sociétale de la QVT pour les employeurs. Le défi pour l’entreprise ici est de renforcer, à travers une démarche QVT, la cohérence des réponses aux enjeux sociaux et sociétaux. À travers une batterie de mesures spécifiques (égalité professionnelle femmes-hommes, diversité, mobilité, équilibre des temps de vie, opportunités de télétravail…), l’entreprise vise à transmettre un sentiment d’équité aux collaborateurs, mais aussi à renforcer leur loyauté à l’entreprise et accroître l’attractivité sociale de l’organisation.

Plus largement, notons que l’instauration de conditions sociales de travail épanouissantes (par l’amélioration du climat social et des relations humaines en entreprise) aide à une meilleure performance de l’entreprise. L’enjeu est donc de taille.

#4 LA QVT AU SERVICE DE L’AGILITÉ DE L’ENTREPRISE

La pérennité de l’entreprise dépend de sa capacité à s’adapter, le plus rapidement possible, aux nouvelles exigences de son marché, mais pas que. Cependant, changer de cap est plus aisé sur un chalutier que sur le Titanic, c’est-à-dire que plus grande est l’entreprise, plus difficile il est de l’adapter rapidement. Sans la culture adéquate et sans organisation résiliente, l’agilité de l’entreprise sera très limitée. À ce niveau, la démarche QVT revêt une importance organisationnelle, mais aussi stratégique. L’entreprise est appelée à innover en permanence, au risque de se perdre dans l’obsolescence. Et dans l’innovation, il y a une composante personnelle et psychologique que l’on ne saurait occulter. Comment « disrupter » son marché en évoluant dans des conditions de travail peu avantageuses ? Les attentes sont toujours plus grandes et les collaborateurs sont les premiers à en ressentir les effets.

L’épuisement, la dépréciation de soi et le stress (parfois chronique) peuvent être prévenus par une démarche QVT efficace, pour doper par ricochet le capital innovation de l’entreprise.

À chaque culture sa perception de la QVT

La perception de la QVT, comme toutes les autres composantes du monde de l’entreprise, diffère d’une culture à l’autre. Au Canada par exemple, le gouvernement a misé sur la normalisation de la QVT à travers la Norme canadienne nationale sur la santé et la sécurité psychologique ainsi que sur la création de labels (Great Place to Work) qui récompensent les bons élèves à la matière. Du côté du Danemark, la QVT est portée par la « loi de Jante », qui oriente les décisions vers le bien-être de la communauté. La notion de « slow management » est également très en vogue dans le pays scandinave. Elle consiste à donner du temps au temps, à responsabiliser, à travailler en tâches plutôt qu’en heures et à insister sur le droit à l’erreur. Voici quelques exemples concrets de mesures destinées à améliorer la QVT :

  • Les salariés des usines FIAT au Brésil expriment leur humeur par un code couleur. Les managers peuvent donc s’enquérir de l’état d’esprit de leurs équipes en temps réel ;
  • HCL Technologies, basé en Inde, propose un forum interne où salariés et dirigeants échangent autour des problématiques du quotidien ;
  • En Suède, certaines entreprises ont opté pour la journée de 6 heures, après que Toyota ait donné l’exemple dans la ville de Göteborg… il y a 13 ans !

Le rapport très étroit entre le concept de qualité de vie au travail et la gestion, le management et la finance d’entreprise (par la comptabilité analytique, notamment), exige une maîtrise transversale de plusieurs concepts inhérents à la vie en entreprise… des concepts que l’ESAM a pris soin d’intégrer dans ses programmes de formation !

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