La blockchain et le système bancaire

Cela fait déjà un certain nombre d’années que nous entendons que tel événement ou telle innovation va modifier le système bancaire, parfois allant jusqu’à le détruire tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Esam, école de management, école de finance, école de droit

Si on recherche des citations en ligne qui touchent à la finance, une grande partie des résultats qui sortiront sont des citations négatives. Il y a les requins de la finance, la finance en tant que responsable des crises… La finance apparaît comme l’ennemie de l’économie. Malgré tout, si la finance n’existait pas, nous n’aurions pas d’économie : avec la disparition de la finance, il y aurait aussi la disparition du commerce, de la création de richesse, des assurances…

Certes, il n’y aurait plus de crise « financière » mais d’un autre côté, le monde entier serait tellement au moyen-âge qu’une crise n’aurait aucun impact. Cela ne veut pas dire que tout est parfait dans la finance, puisqu’elle doit s’adapter aux problématiques de son époque. Aujourd’hui, la problématique la plus constante, et ce, depuis des années, est l’environnement. La finance verte vise à réconcilier la création de richesses avec la préservation de la planète : c’est une finance qui se veut plus responsable.

L’objectif de la finance verte est d’orienter les investissements vers des domaines plus respectueux de la planète et notamment pour endiguer le réchauffement climatique. Cela veut donc dire qu’il ne faut surtout pas, dans ce contexte, investir dans des activités polluantes. Dans ce cadre-là, les profits ne sont plus la priorité absolue, de nouveaux indicateurs clés acquièrent une importance capitale : la RSE, l’empreinte carbone, impact sociétal …

Evidemment, aujourd’hui nous sommes encore à un stade primitif de la finance verte, ou la finance responsable. Cela étant, cette finance progresse à grands pas. Ainsi, en 2018, nous enregistrions une croissance des flux financiers en faveur de la sauvegarde du climat de 25%, dépassant ainsi le volume des 500 milliards de $ dans le monde. Cela peut paraître énorme à notre échelle, mais encore loin des volumes nécessaires estimés pour atteindre les objectifs des accords de Paris (premiers accords universels sur le réchauffement climatique, instigué par Nicolas HULOT), qui sont de l’ordre de 1500 milliards de $. Pire encore, les investissements dans les nouveaux projets qui dépendent des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) ne ralentissent pas, ce qui contrebalance tous les objectifs de la finance verte. Tout n’est pas inquiétant non plus, puisque le marché des obligations vertes, lui, croît à une vitesse hallucinante. Ainsi, aujourd’hui, les obligations vertes en circulations représentent environ 640 milliards de $ et Bloomberg estime qu’à l’horizon de juin 2021, le marché dépassera 1000 milliards de $.

Dans ce cas, pourquoi la finance ne s’est intéressée aux problématiques environnementales que récemment alors que le sommet de Kyoto date déjà de 1997 et ce n’était même pas le premier sommet environnem

Ce fut le cas avec la crise des subprimes, l’apparition des plateformes de crowdfunding, la multiplication des fintechs, la baisse des taux d’intérêts… Depuis quelques années, c’est au tour de la technologie « Blockchain » de menacer le secteur bancaire et pourtant, les banques sont toujours présentes et prospères. Cela n’empêche pas que les banques traditionnelles font aujourd’hui face à plus de concurrence qu’elles ne l’ont jamais fait. Et si la blockchain devenait un outil de plus pour les banques, transformant au passage une menace en force ?

QU’EST-CE QUE LA BLOCKCHAIN ?

Selon Blockchain France, la blockchain c’est : « une technologie de stockage et de transmission d’informations transparente, sécurisée et fonctionnant sans organe central de contrôle ». En d’autres termes, ce sont des données virtuelles, avec un niveau de sécurité élevé, et qui n’est pas contrôlé par une institution ou un groupe de personnes tels qu’une banque centrale. On peut donc voir la blockchain comme un grand espace de stockage où sont regroupées des transactions sans passer par une tierce personne de confiance. L’application la plus connue de la blockchain est la cryptomonnaie. La cryptomonnaie c’est donc une monnaie virtuelle, sécurisée et qui n’est pas contrôlée ou manipulée par un organe central. La cryptomonnaie la plus connue à ce jour est le bitcoin, dont la valeur a tout de même atteint des sommets vertigineux (19 372 $ il y a 3 ans) mais qui a relativement accusé le coup au cours de ces 3 dernières années pour atteindre 8101 $ au 3 juillet 2020 avec une chute brutale au début de la période de confinement accompagnée d’une remontée aussi brutale juste après. Certaines sources prévoient une remontée du bitcoin à des valeurs avoisinant les 100 000 $ mais ces estimations sont à prendre avec de larges pincettes en attendant de voir l’évolution pour pouvoir l’affirmer avec certitude. Il y a donc ici un vrai enjeu et un vrai danger émanant de cette technologie vis-à-vis des banques, qui perdraient potentiellement une partie contrôle qu’elles ont sur la monnaie dans la société et donc se faire distancer financièrement.

L’OCCASION D’AMORCER UNE TRANSITION ?

La proposition de valeur de la technologie de blockchain est donc qu’elle est sécurisée et non manipulable, ce qui, quand il s’agit d’argent, est plutôt une bonne nouvelle. Les applications de la technologie ont aussi d’autres ramifications :

  • Les transactions sont plus transparentes, plus claires, et potentiellement moins coûteuses
  • La sécurité des transactions est supérieure, ce qui rendrait la fraude encore plus difficile à commettre
  • Les banques seraient à la page vis-à-vis de ce qui se fait dans le milieu des métiers de la finance en général
  • Les processus sont optimisés, avec un meilleur contrôle des identités numériques des clients, grâce à la transparence de la technologie
  • Une rentabilité globale meilleure, grâce à tous les avantages cités

Effectivement, les banques vont intégrer cette technologie dans leur façon de travailler, ce qui, en définitive, va justifier une adaptation au niveau du fonctionnement ce qui va mener à une évolution certaine aux métiers eux-mêmes, mais aussi modifier les relations avec les clients. C’est ici un changement majeur qui, pour être implémenté, doit subir, bien entendu, le processus de la conduite du changement. Il faudra donc réfléchir sérieusement à cette implémentation, et bien la tester avant de l’instaurer. C’est donc l’occasion de faire d’un ennemi qui fait peur un allié puissant.

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