La finance verte : un plus grand engagement est nécessaire

La planète toute entière est confrontée à des transformations climatiques très significatives, c’est pourquoi il est plus que jamais urgent d’agir afin de lutter contre le réchauffement climatique. Pour ce faire, le financement bancaire s’avère être le nerf de la guerre. L’accord de Paris de décembre 2015 correspond au début d’une prise de conscience dans le secteur de la finance. C’est ainsi que l’on assiste à une multiplication des initiatives prises par les banques et les gestionnaires d’actifs en faveur de la finance verte. Ces engagements demeurent néanmoins insuffisants, notamment en matière de financements consacrés à la transition écologique. Focus sur ce phénomène.

ESAM

Les banques veulent une sortie progressive des énergies fossiles

Les banques se montrent plus que jamais conscientes de cet enjeu. Elles ont ainsi dédié des directions à la finance durable et se sont mises à verdir leur portefeuille. Mais les ONG ne le voient pas de cet œil. Ces dernières s’inquiètent de la lenteur de la transition. La Fédération des Amis de la Terre, avec 17 autres ONG, ont publié le 10 décembre, un rapport qui fustige l’implication des banques, dont la BNP, la Société générale et le Crédit agricole dans des projets d’extraction d’énergies fossiles. « Si ces projets devaient voir le jour, ils consommeraient à eux seuls 75 % du budget carbone disponible pour rester sous la limite de +1,5 °C », soulignent les ONG. 

Certes les banques sont impliquées dans ces projets, mais elles optent pour une sortie progressive du charbon. Le Crédit Agricole s'engage à réduire à zéro l'exposition au charbon de son portefeuille, en accord avec les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat et les engagements pris par l'Union européenne. Le Groupe a décidé d’arrêter tout financement du charbon dans les pays de l'Union Européenne et de l'OCDE d'ici 2030, en Chine d'ici 2040 et dans le reste du monde d’ici 2050.

BNP Paribas, pour sa part, met l’accent sur le financement des énergies renouvelables. Par ailleurs, la banque a considérablement réduit son financement de la production d'électricité provenant des centrales à charbon, passant pour la première fois en-dessous de 20 % en 2018. En outre, la banque de la rue d'Antin ne collabore plus avec les entreprises actives dans le pétrole, les gaz de schiste et issus des sables bitumineux.

Par ailleurs, les banques sont de plus en plus enclines à financer des projets en lien avec la transition énergétique. Fin 2019, les efforts de financement du secteur renouvelable consentis par les banques françaises ont dépassé 41 milliards d’euros, soit une augmentation de 57 % en trois ans, selon l’Observatoire de la finance durable. Il ambitionne de « contribuer à la compréhension, au suivi et à l’évaluation de la transformation progressive du secteur financier par les observateurs et les parties prenantes ».

Concilier finance verte et rentabilité, c’est possible

Le secteur financier semble donc engagé à verdir ses pratiques de manière à contribuer à la réalisation de l’objectif « zéro émission nette à l’horizon 2050 ». Toutefois, ces efforts demeurent insuffisants et incompatibles avec l’ampleur des enjeux. Selon l’Agence Internationale de l'Énergie, pour atteindre les Accords de Paris sur le réchauffement climatique, les investissements doivent augmenter de 600 milliards de dollars par an sur 10 ans. 

Un rapport de l’IRENA (Agence internationale pour les énergies renouvelables), publié en 2019 avant le Sommet Action Climat de l'ONU tenu à New York, appelle les secteurs public et privé à doubler leurs investissements annuels dans les énergies renouvelables pour contenir le réchauffement de la planète en dessous de 2 °C. Les investissements nécessaires, selon ce rapport, sont estimés à 4 300 milliards de dollars d’ici 2030, à raison de 750 milliards de dollars par an. Par ailleurs, pour verdir l’économie dans son ensemble, il faudrait entre 3 000 et 5 000 milliards de dollars par an, selon certaines estimations.

Un rapport du Boston Consulting Group révèle, pour sa part, que la finance verte représente, à l’heure actuelle, 3 à 5 % de l’ensemble des investissements réalisés chaque année dans le monde. Une part qu’il faudrait porter à 25 % pour assurer le financement de la transition.

Ces chiffres sont imposants, mais ne représentent qu’environ 12 % de la croissance annuelle moyenne des actifs sous gestion dans le secteur de l’asset management. Il est donc tout à fait possible d’atteindre les objectifs escomptés, à condition de faire en sorte que les investissements engagés soient rentables. 

En effet, la finance verte, dans la mesure où l’on veut qu'elle soit éthique, doit aussi s’opérer dans un esprit de réalisme économique. Faire fi des objectifs de rentabilité sera contre-productif et ne servira en rien la cause écologique. D’ailleurs, l’un des principaux objectifs de la finance verte est de combiner investissement responsable, rentabilité et engagement pour le développement durable.

Les établissements bancaires sont ainsi invités à prendre des mesures concrètes pour orienter l’épargne vers ces types d’investissement, en proposant notamment de nouveaux produits d'épargne et de placements attractifs en faveur de l'environnement et du climat. 

Les nouvelles directives de la Commission européenne 

Le Groupe d'Experts Technique (TEG), qui relève de la Commission européenne, a publié, le 18 juin 2020, trois rapports dans le cadre du plan d’action européen sur la finance durable. Ces trois rapports constituent, selon Valdis Dombrovskisi, vice-président chargé de la stabilité financière, « une contribution importante au processus décisionnel européen et au débat mondial sur la finance verte ». L’un de ces rapports expose des recommandations concernant les obligations vertes, qui visent à inventorier les activités susceptibles d’être éligibles à ce type de financement, au sein de l’UE. La Commission européenne a également publié de nouvelles directives à destination des entreprises. Ces dernières sont ainsi invitées à « mieux prendre en compte l’impact de leurs activités sur le climat », en respectant certaines recommandations pratiques.

Le sort de la planète vous interpelle ? Vous souhaitez suivre une formation en finance et vous engager pour cette cause ? Découvrez les programmes de l’ESAM !

PARTAGER