L’EMERGENCE DE LA RESILIENCE COLLECTIVE DANS UN CONTEXTE DE CRISE INEDITE

La crise sanitaire nous invite à replacer notre approche par les risques au sein de la gouvernance des entreprises et à développer la résilience comme une force indispensable. La résilience traduit la capacité d’un acteur à faire face aux chocs et risques externes, ou « l’art de naviguer dans les torrents » (Boris Cyrulnik, 2001).

resilience

Or, selon l’économiste Patrick Artus, ces risques, aujourd’hui sont particulièrement nombreux :

  • Les entreprises sont impactées durablement et différemment, avec comme point commun leur fort niveau d’endettement et leur capacité, ou non, à investir pour préparer demain.
  • La supply chain est perturbée : hausse des prix des transports maritimes, difficulté d’approvisionnement sur certaines matières premières, composants électroniques, fragilité d’un fournisseur clé …
  • Les états ont des approches différentes, tant dans le soutien aux acteurs économiques que dans leur résistance aux tentatives de déstabilisation géopolitiques

La montée des risques et leur interdépendance sont aujourd’hui incontestables. Et Brigitte Bouquot, ancienne présidente de l’AMRAE et VP Insurance and Risk Management chez Thales, invite alors à repenser la résilience des entreprises qui devrait reposer sur :

  • L’approche par les risques, qui doit être intégrée dans l’approche stratégique de l’entreprise tout comme les lignes de défenses destinés à mieux en maitriser les conséquences
  • Un nouveau modèle de financement du risque, qui doit aller au-delà des solutions classiques reposant habituellement sur :
    • L’entreprise elle-même qui finance les ressources allouées à son organisation opérationnelle pour maîtriser ses risques. Deux limites à ce dispositif traditionnel : certains risques deviennent systémiques (cyber risk, par exemple) et peuvent mettre en cause le futur de l’entreprise ; les actionnaires peuvent se détourner de ces entreprises du fait d’une faible rémunération de leur investissement.
    • Les assureurs et les banques, partenaires des entreprises, qui, du fait de leurs obligations réglementaires, doivent trouver un juste équilibre entre leurs fonds propres et les risques pris/couverts. Cette contrainte limite leur capacité d’action.
    • Et, en dernier recours, les Etats qui interviennent pour assurer la souveraineté du pays et sa responsabilité sociale (comme traduit le dispositif du Prêt Garanti par l’Etat).

 

Ce modèle de financement s’épuise, il faut donc envisager de nouvelles solutions.

Le gouvernement a envisagé mettre en place un nouveau dispositif d’assurance (nommé CATEX), inspiré des régimes existants pour la couverture des catastrophes naturelles / terrorisme. Mais ce dispositif serait trop compliqué, peu utilisable et le coût d’une telle assurance serait disproportionné par rapport à la fréquence d’un tel évènement, qui ne survient que très rarement (environ tous les 25 ans).

Le projet « CATEX » a donc été abandonné, et le ministre de l’économie, des finances et de la relance, a initié la mise en place de nouvelles solutions de couverture du risque, avec le soutien de l’AMRAE.

Ces nouvelles réflexions portent sur :

  • TPE / PME : Constitution d’un nouveau mode de provisions / réserves sur une durée supérieure à un an permettant à l’entreprise de disposer de ressources pour mieux faire face aux risques de demain (inspirée de ce qui se fait pour les banques et assureurs).
  • Grandes entreprises : Développement du système de captives d’assurances existant déjà. La captive est une filiale assurance créée par l’entreprise, elle joue le rôle d’un assureur traditionnel, en garantissant les risques supportés par l’entreprise. Elle perçoit des primes de la holding et verse des indemnités en cas de sinistre.

Gouvernement, associations professionnelles et entreprises sont donc à pied d’oeuvre pour trouver des solutions innovantes permettant aux entreprises de mieux construire leur résilience dans un environnement en pleine mutation.

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