Alcatraz, la prison qui ne s’oublie pas !

La prison la plus connue au Monde, également appelée the Rock, est fermée depuis plus de 50 ans ! Cependant, elle continue de travailler l’esprit des hommes par son unicité et ses mystères irrésolus. Chaque année, 1 million de visiteurs se pressent à ses portes pour admirer et ressentir son aura si spéciale.

alcatraz

Les étudiants de l’ESAM admirent la vue de la baie de San Francisco du haut de leur perchoir. Ils sont émerveillés devant tant de beauté. Au loin se dégage les immenses gratte-ciels de la ville et à leur droite, à seulement quelques mètres d’eux, repose le prestigieux Golden Gate bridge. Après quelques minutes d’observation, un détail apparait dans leur champ de vision, une petite île au large de la baie, qui renferme bien des secrets. Un oiseau se pose sur le muret en face des élèves et nous conte une histoire des plus extraordinaires.

En 1775, un explorateur, nommé Juan Manuels de Ayala, découvre trois îles dans la baie de San Francisco. L’une d’entre elles abrite de nombreux pélicans, ainsi, il lui donne pour nom Alcatraces : Alcatraz en anglais. Le siècle suivant, en 1853, pour sécuriser la ville, l’île est fortifiée et devient un fort militaire. Cependant, après la guerre de Sécession, l’armement de l’île commence à vieillir. En 1868, cette dernière devient un lieu de détention. En 1909, l’armée quitte officiellement Alcatraz, l’île devient la prison que tout le monde connaît. De ce fait, les prisonniers présents à cette époque, construisent ce qui sera leur future cage. En 1912, les travaux s’achèvent en un bloc de briques, composés de six cents cellules. En 1933, la prison est transférée sous l’autorité du gouvernement fédéral. L’État et notamment J. Edgar Hoover, directeur du FBI de l’époque, veut en faire « un établissement modèle, offrant un maximum de sécurité pour prévenir les évasions et n’accordant que peu de privilèges aux détenus qui ne pouvaient négocier leurs conditions d’incarcération ».
En effet, son rôle est d’enrayer la hausse de la criminalité qui a lieu aux États-Unis dans les années 1930. Ainsi, Robert Burge lance des travaux considérables sur l’île : les tunnels souterrains sont cimentés, les portes sont équipées de serrures électriques, de longues galeries sécurisées surplombant les blocs cellulaires sont construites pour permettre aux gardiens armés de superviser les prisonniers en toute sécurité et enfin, des tours de garde sont installées un peu partout sur l’île.

Durant ses 29 ans de services, The Rock « accueillit » 1576 hôtes dont certains tristement célèbres comme le célèbre gangster Al Capone. Le 21 mars 1963, le pénitencier ferme et les derniers incarcérés sont transférés dans d’autres prisons. La raison officielle de cette fermeture est le coût de fonctionnement trop élevé, ainsi que celui de sa restauration, largement supérieur à ceux des autres établissements, dû à son isolement et aux gouttelettes de sels marins. En effet, il est plus rentable de construire une nouvelle prison que de restaurer celle-ci.
En 1934, James A. Johnston, connu pour sa rigueur, mais aussi pour sa vision humaniste du système carcéral, prends la direction de la prison et mets en place un certain nombre de règles. Tout d’abord, personne n’est condamné directement à Alcatraz, les prisonniers y sont transférés d’autres prisons. En effet, les détenus ont refusé de se conformer aux règles dans leurs anciens lieux de détention, ils possèdent un profil violent et/ou présentent un fort risque d’évasions. Et pour cause, Alcatraz est la prison d’où l’on ne s’échappe pas du fait de son isolement ainsi que des eaux froides et des courants marins violents qui l’entourent. Les prisonniers ont seulement le droit aux douches chaudes pour qu’ils ne s’habituent pas aux eaux froides.

Ensuite, pendant les premières années, le directeur impose une politique de silence. Cependant, cette dernière est assouplie, et ce fut l’un des seuls changements de politique, à cause de nombreux cas de folie déclarés. En outre, les prisonniers n’ont que quatre droits fondamentaux qui sont mangés, être abrité, être habillés et être soignés si nécessaires. Aussi, les habitants de la prison peuvent obtenir des privilèges limités pour bonne conduite : recevoir des visites et du courrier censuré, travailler, commander des livres qui ne donnent aucune information sur l’actualité et passer quelques heures dans la cour où ils peuvent faire du sport (baseball par exemple), jouer aux cartes et aux échecs ou simplement admirer la vue. En ce qui concerne les visites, elles doivent être validées par la direction, elles se font derrière une vitre et durent 45 minutes. Les détenus et les visiteurs se parlent par téléphones qui sont écoutés.

Enfin, elles ne sont pas autorisées les trois premiers mois de détention et ensuite, une unique visite par mois est possible. Enfin, les nouveaux arrivants sont isolés pendant trois mois dans le bloc B. La vie des incarcérés est très structurée. Ils sont levés à 6 h 30 de leurs cellules toutes individuelles, qui mesurent 1,5 mètre sur 3 et se trouvent normalement dans le bloc C. Ils ont ensuite trente minutes pour nettoyer leurs « chambres » pour ensuite aller au petit déjeuner. Il faut savoir que les repas à Alcatraz ne durent que vingt minutes.
Les prisonniers seront comptés douze fois dans la journée. Le diner est prévu à 16 h 15, le retour dans les cellules à 16 h 45 et l’extinction des feux à 21 h 30. On compte un gardien pour trois détenus alors que dans les autres prisons fédérales, le rapport est d’un gardien pour douze prisonniers. Aussi, le pénitencier possède 336 cellules, mais il n’a jamais été rempli, le maximum d’habitants étant de 302 détenus. Enfin, le bloc D est le bloc d’isolement et de traitement spécial, aussi appelé le trou : les punis ne sortent que pour la douche hebdomadaire, reçoivent leurs deux repas journaliers, souvent du pain et de l’eau, par une fente de la porte, dorment sur un matelas déposé sur le sol et ont l’autorisation de lire si la faute commise est mineure. En outre, une rumeur dit que la cellule 14D, ou l’Orientale, est la punition ultime pour les fautes graves. En effet, le détenu y serait enfermé dans le noir, nu et l’endroit serait dépourvu d’évier et de toilettes.

Durant les 29 ans de service du pénitencier, trente-six détenus essayèrent de s’évader dans quatorze tentatives, le plus souvent avec prise d’otage ou en usant de leur fonction dans la prison. Cependant, officiellement, aucune n’est réussite. Le premier prisonnier à essayer de s’échapper est Joe Bowers, le 27 avril 1936. Pendant son travail, il tenta de forcer les grillages au bord de la rive, mais il fut abattu par un gardien dans une tour de garde. Par la suite, de nombreuses tentatives eurent lieu, mais une des évasions les plus ingénieuses fut organisée par John Gills, le 31 juillet 1945. Ce dernier était déchargeur de bateaux au dock de la prison, il profita de sa fonction pour voler un uniforme militaire et partir avec un bateau. Malheureusement, le bateau n’était pas à destination de San Francisco, comme l’espérait, le détenu, mais de Angel Island, où il fut rattrapé faute de pouvoir en partir. Entre les 2 et 4 mai 1946 se déroula la plus violente des tentatives d’évasion, que l’on appelle la bataille d’Alcatraz. Le premier jour, six prisonniers essayent de s’échapper en volant la clef de sortie, mais ce jour-là, cette dernière ne se trouve pas à sa place habituelle. De ce fait, les hommes récupèrent la clef de l’armurerie, volent des armes et prennent en otage les gardiens de la prison. Pendant, deux jours, la guerre fait rage entre prisonniers et gardiens jusqu’à l’intervention de l’armée le 4 mai.

Durant la bataille, dix-huit gardiens furent blessés et deux sont morts. En ce qui concerne les six détenus, trois sont décédés pendant l’affrontement, deux ont été condamnés à mort après et le dernier fut condamné à une autre perpétuité, car trop jeune pour la peine de mort. Enfin, la tentative la plus connue, plus grand mystère de The Rock, et immortalisée au cinéma en 1979 par l’évadé d’Alcatraz, a eu lieu la nuit entre le 11 et le 12 juin 1962. Pendant deux ans, Frank Morris, Allen West et les frères Anglin préparent leur évasion. John Anglin, travaillant à la blanchisserie, vole des imperméables pour fabriquer des bouées de sauvetage et un canot qu’ils gonfleront à l’aide d’un instrument de musique à vent transformé en pompe. Son frère Clarence travaille avec le coiffeur et récupère donc des poils et cheveux pour les mannequins. En effet, les quatre détenus créent de fausses têtes, à partir de papier mâché fait de papier toilette et de savon, pour tromper les gardiens la nuit et leur faire gagner du temps.
Enfin, Frank travaille à l’atelier de la prison et ramène dans les cellules des outils pour agrandir et creuser les trous dans les bouches d’aération. Ainsi, les quatre compères creusent entre 17 h 30 et 21 h par deux : un surveillant l’arrivée des gardiens et l’autre effectuant le travail. Parfois, un instrument de musique masque le bruit des chantiers qui se déroulent dans les cellules. Les prisonniers cachent dans leurs pantalons les débris de mur en attendant de s’en débarrasser lors des promenades. Hors des heures de forage, les trous sont masqués par de fausses grilles de ventilation qui font allusion dans l’obscurité des cellules. La fameuse nuit, une fois les préparations terminées, les fugitifs sortent par leurs trous, passent par les conduits d’aération, rejoignent un couloir de service inutilisé et arrivent sur les toits. Seul Allen ne s’enfuira pas faute de ne pas avoir assez creusé son trou.
Une fois descendu des toits, ils atteignent le rivage, déploient leur canot et disparaissent à jamais. Le lendemain, à 8 h les recherches sont lancées dans la région. Ainsi, commence la plus grande chasse à l’homme sur terre comme sur mer jamais réalisée qui durera dix-sept ans. En 1979, toujours aucune trace des évadés n’est retrouvée. Par conséquent, l’enquête est classée et les trois disparus présumés noyés. Cependant, il faut noter que ces trois hommes ne sont pas les premiers prisonniers non retrouvés et présumés noyés. En effet, le 16 décembre 1937, Théodore Cole et Ralph Roe se sont évadés et n’ont jamais été revus. En outre, une forte tempête grondait à cette date, ainsi, il est très peu probable que ces deux détenus s’en soient sortis.

Alcatraz fascine en raison de ces secrets et mystères. Cependant, récemment, de nouveaux éléments sur les évadés de 1962 ont fait surface. D’une part, une modélisation informatique des courants marins de la baie de San Francisco la nuit de l’évasion prouve que rejoindre la terre ferme en partant d’Alcatraz était possible entre 23 h et minuit et que les affaires laissées à la dérive iraient s’échouer à Angel Island où ont été retrouvés des objets personnels des évadés. D’autre part, les neveux des frères Anglin auraient retrouvé une photo de leurs oncles fugitifs au Brésil où ils auraient refait leur vie. Ainsi, le mystère de la célèbre prison serait-il en danger ? Continuerait-elle à attirer autant de monde si son secret le mieux gardé était découvert ?

Maëlle Hawecker

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